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L’audiovisuel comme choix de société – Une série de réflexions sur l’écosystème québécois et canadien

L’audiovisuel comme choix de société – Une série de réflexions sur l’écosystème québécois et canadien

Publié le 25 août, 2025
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Publié le 25 août, 2025

L’audiovisuel comme choix de société – Une série de réflexions sur l’écosystème québécois et canadien

Texte d’opinion préparé par ORLANDO ARRIAGADA, Producteur, réalisateur et fondateur de Pimiento Médias

TV5 Québec Canada, un relais francophone incontournable

Depuis quelque temps, je réfléchis à notre écosystème audiovisuel, et grâce à CTVM j’ai la possibilité de partagerces réflexions avec l’industrie. L’objectif de cette série detextes est de mieux comprendre les forces et les fragilités denotre milieu, de corriger certaines perceptions qui circulent et de rappeler le rôle structurant de nos institutionsculturelles. Ces réflexions ne cherchent pas à imposer unevérité, mais à ouvrir des pistes de discussion et àencourager une vision plus commune de ce que nous voulons bâtir collectivement.

Aujourd’hui, je souhaite m’arrêter sur TV5 Québec Canada, une chaîne qui demeure mal identifiée par beaucoup. Pour plusieurs, elle serait une télévision française intégrée à notre paysage, une antenne extérieure. C’est une perception fausse. TV5 Québec Canada est une institution publique de notre écosystème, gérée par le Consortium de télévisionQuébec Canada, qui regroupe Radio-Canada, Télé-Québec,TFO et l’Association des producteurs de films et de télévision du Québec. Elle s’inscrit aussi dans un partenariat international qui associe six gouvernements : le Canada, leQuébec, la France, la Suisse, la Fédération Wallonie-Bruxelles et Monaco. Cette double appartenance, à la fois locale et internationale, confirme que TV5 est un outil collectif et non une chaîne étrangère. Sur le plan financier,son soutien repose sur une répartition claire entre nos gouvernements : environ 60 % assumés par legouvernement fédéral et 40 % par le Québec.

Il est important de rappeler aussi que TV5 bénéficie d’un statut particulier : elle fait partie des services obligatoires dans le bouquet de base des câblodistributeurs canadiens,en vertu d’une décision du CRTC. Cette accessibilité universelle traduit la reconnaissance officielle de son rôle culturel et identitaire. Dans un univers dominé par les plateformes mondiales et les contenus anglo-saxons, le faitd’avoir un espace francophone garanti, accessible partout au pays, n’est pas un détail c’est une décision politique qui relève d’un choix de société.

C’est ici que revient souvent la critique des codes d’écoute. On reproche parfois à TV5 de ne pas atteindre des résultats comparables à ceux des diffuseurs commerciaux. Mais cette critique passe à côté de l’essentiel. TV5 n’est pas une télévision commerciale. Elle existe parce qu’elle remplit une mission de service public protéger la langue française en Amérique du Nord, soutenir la diversité culturelle et donner une vitrine à nos créateurs. Les codes d’écoute mesurent une consommation immédiate, mais ils ne mesurent ni la valeur d’une langue, ni l’importance de la relève, ni la richesse d’une diversité à l’écran. TV5 prend des risques éditoriaux, soutient des premières réalisations et ouvre l’espace à des créateurs qui n’auraient pas eu de visibilité ailleurs. C’est précisément ce rôle que doit assumer un télépublic.

Dans notre écosystème, TV5 n’est pas isolée. Elle fait partie d’un ensemble qui inclut Radio-Canada et Télé-Québec. Chacune de ces télévisions publiques contribue à un objectif commun assurer une présence francophone forte, offrir des repères, soutenir la production locale et garantir une diversité de voix. Ensemble, elles forment une infrastructure culturelle qui ne peut pas être remplacée par les logiques commerciales ni par les algorithmes des plateformes.

Je m’exprime ici comme producteur indépendant. Depuis vingt ans, je garde une préoccupation constante pour la relève et la diversité, en créant des espaces de diffusion et de création pour la nouvelle génération. Pour moi, il estessentiel de rappeler que soutenir des chaînes comme TV5 est un choix de société. C’est affirmer que la télévision publique n’existe pas pour battre des records d’auditoire, mais pour remplir une mission culturelle et linguistique. C’est accepter que l’audiovisuel est à la fois une industrie et une responsabilité collective. Et c’est aussi un appel à aligner mieux nos efforts, fédéral et provincial, pour renforcer cette mission avec des objectifs partagés.

 

Orlando Arriagada, Producteur, réalisateur et fondateur de Pimiento Médias

 

 

 

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